Google a été fondé par deux chics types. Larry Page et Sergey Brin se sont même donné la peine de graver dans le marbre de leur dossier de presse toute une philosophie haute en couleur et non dénuée d'une certaine dose de ridicule.
On y trouve notamment une «échelle du mal» à 15 degrés. Cela commence par une incantation: «Do no evil» («ne fais aucun mal») et se prolonge dans une longue liste de principes qui paraissent tout à fait raisonnables et sympathiques. De fait, l'entreprise semble bel et bien se comporter généralement, vis-à-vis de ses employés et de ses clients, d'une manière très correcte, et même largement au-dessus de la moyenne.
Google est sans aucun doute une entreprise qui bichonne ses employés. Conditions de travail, environnement et avantages sociaux y sont hors norme. Non seulement la couverture maladie est confortable, mais, en plus, on trouve médecin et dentiste sur place. Une naissance? Congés parentaux, baby-sitting, garderie sur place sont au rendez-vous. La cantine - pardon, le restaurant, dirigé par une toque renommée - offre même les repas du soir pendant un mois. Déjeuner et pauses-café sont aussi offerts. Des navettes matin et soir, c'est banal, une aide financière pour acheter une voiture écolo, beaucoup moins. Kiné et coiffeur sur place, cela ne va pas de soi. La table de ping-pong, le piano à queue et le billard, itou.
Et puis, cette gracieuseté: chaque employé est prié de laisser tomber son train-train un jour par semaine pour se consacrer à un projet personnel. Google, c'est cool, non? Sauf que...
En 2006, Sergey et Larry (32 et 33 ans) sont 26e et 27e au hit-parade des fortunes mondiales (12,9 et 12,8 milliards de dollars) et Google est coté au Nasdaq.
Aussi, quand le gouvernement chinois dit qu'il ne faut pas répondre à toutes les questions, ou plutôt ne pas fournir toutes les réponses, les deux jeunes gens sont bien embêtés. Pourtant, c'est en appliquant leurs grands principes qu'ils trouvent la réponse à leur embarras.
Ils ont calculé que se retirer de Chine aurait causé un coup de vent force 8 sur leur échelle du vil (c'est dur, la vie sans Google), alors que l'application de la censure n'atteint que le niveau 6. Faut savoir compter, dans les affaires
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