Internet, avec ses milliards de pages, est souvent décrit comme la plus complète des encyclopédies : une incomparable documentation mise gracieusement à notre disposition, et des outils qui savent répondre dans la seconde à la moindre de nos interrogations. Les moteurs de recherche sont si performants qu'il suffit de quelques mots épars pour retrouver une information quand la mémoire nous fait défaut.
Google : le moteur de recherche le plus employé au monde
Ces outils incontournables sont, paradoxalement, de moins en moins nombreux : seules 4 entreprises américaines parviennent encore à proposer à un public mondial un service de qualité. Avant de prétendre aiguiller l'internaute dans un volume de données sans cesse croissant, il faut en effet pouvoir mobiliser des milliers d'ordinateurs pour parcourir la Toile et répertorier l'information disponible. Mais il faut surtout savoir en extraire les pages les plus pertinentes. C'est cette capacité, l'« intelligence » du moteur de recherche, qui en fera ou non le succès. Google l'a prouvé, en devenant en moins de 3 ans le moteur de recherche le plus employé au monde : son approche novatrice lui permettait en général de proposer, dès la première page de résultats, l'information recherchée.
Le bouche-à-oreille fut immédiat : les initiés encourageaient leurs amis à utiliser ce moteur « génial », et Google allait passer de 10 000 requêtes par jour, début 1999, à plus de 200 millions au printemps 2003 : 53 % des requêtes mondiales lui sont désormais confiées, au point que nombre de ses 70 millions d'utilisateurs en viennent à assimiler l'Internet tout entier à cet incomparable outil.
Google est insensiblement devenu synonyme de moteur de recherche
En effet, Google a réussi en 6 ans seulement, à asseoir sa marque et à en faire un synonyme de "recherche sur le Web". "Googler" n'est-il pas devenu un verbe aux Etats-Unis ? Combien de personnes se posent-elles la question avant d'effectuer une investigation sur le Web au sujet du choix du moteur à utiliser ? On va sur Google, un point c'est tout... Comme on dit "frigidaire" pour "réfrigérateur", "mobylette" pour "motocyclette" (pour l'anecdote, il existe de nombreux autres exemples de ce type : delco, klaxon, poubelle, piña colada ou macadam), Google est devenu une évidence. Il peut, dans ce sens, être qualifié d'antonomase, "figure de style par laquelle [...] un nom propre est pris pour un nom commun", nous apprend le Larousse.
La tâche de ses concurrents devient alors doublement plus complexe : il faut non seulement aux Yahoo!, MSN et consorts être au moins aussi pertinents que Google, mais surtout briser les habitudes des internautes. Et cela risque d'être beaucoup plus long à venir... Autrement dit, à qualité de pertinence égale (Yahoo! y est presque, MSN s'en rapproche), l'internaute lambda choisira Google. Parce qu'on lui a dit que c'était bien. Mais aussi parce que c'est bien :-). Et surtout parce que peu de choses - ou de gens - l'incitent à se poser la question. Dans ce sens, les concurrents du leader actuel n'ont-ils pas fait fausse route en proposant des pages de résultats clonées sur celles de Google ? Qui va se détacher de ce moteur s'il a le sentiment de ne pas trouver mieux ou différent ailleurs ?
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